A quelques jours du Sommet international sur l’IA organisé en France, le fonds de dotation ABILITIS présentait, mardi 4 février 2025, à l’Hôtel de Ville de Paris, en présence d’élus municipaux engagés sur les thématiques du vieillissement et du handicap et d’experts sur les questions d’autonomie et d’IA, son livre blanc « Intelligence artificielle et maintien à domicile : réalité ou fiction ? ». Un ouvrage qui a pour but de nourrir et enrichir le débat autour des enjeux de l’IA, notamment face au défi du maintien à domicile des personnes en situation de perte d’autonomie.

Une matinée de réflexion et d’échanges

C’est dans la salle de conférence Tignous, aux murs habillés des dessins du célèbre caricaturiste, que Lamia El Aaraje, adjointe à la maire de Paris en charge de l’urbanisme, de l’architecture, du Grand Paris, de l’accessibilité universelle et des personnes en situation de handicap, a prononcé les mots d’ouverture de l’évènement. « L’IA doit être envisagée comme une plus-value aux personnes et non pas se substituer aux professionnels de soins. L’objectif doit être d’améliorer l’accompagnement des personnes âgées et handicapées dans leur quotidien », a souligné l’ancienne députée.

Avant le dévoilement des résultats de l’étude réalisée en partenariat avec l’Institut Viavoice, Chantal Lebatard, présidente d’ABILITIS, a rappelé les missions du fonds en faveur du soutien de l’innovation au service des personnes vulnérables, en situation de handicap ou de perte d’autonomie. « Avec le vieillissement de la population, le maintien de l’autonomie est une question cruciale que nous devons saisir à pleine main pour accompagner les réflexions sur les politiques sociales à venir », a rappelé Mme Lebatard. Elle a ajouté que « les progrès technologiques liés au développement de l’IA ouvrent des opportunités dans le champ de l’accessibilité et du sanitaire et social. Même si aujourd’hui l’IA fait partie intégrante de notre quotidien, elle reste mal connue et suscite des défiances, des appréhensions, voire des fantasmes et des peurs. » 

C’est bien dans ce contexte, en écho à son engagement pour bâtir une société plus harmonieuse et inclusive, qu’ABILITIS a voulu dresser un état des lieux de la perception de l’IA dans le quotidien des personnes handicapées et en perte d’autonomie.

Les résultats de l’étude dévoilés

Arnaud Zegierman, co-fondateur de Viavoice, a ensuite présenté les résultats du sondage mené auprès d’un échantillon de 1000 Français afin de mieux connaître le rapport des Français à l’intelligence artificielle. L’étude révèle notamment que près de 2/3 des Français se sentent concernés de près ou de loin par la perte d’autonomie. 57 % estiment que l’IA permettrait d’améliorer le suivi des personnes en perte d’autonomie, mais qu’elle risque dans le même temps de les isoler davantage en diminuant leurs interactions sociales avec le personnel soignant. En outre, 56 % des sondés estiment que l’IA apporte plus de risques que de bénéfices.

Pour saisir ce qui se joue, le Grand Témoin de cet évènement, David Gruson, directeur du programme santé de La Poste Santé & Autonomie et fondateur d’Ethik-IA, a souligné que « l’intelligence artificielle est plus qu’une révolution industrielle et technologique. Elle laisse entrevoir de profonds changements dans nos sociétés, dans nos rapports à la santé et à l’accompagnement. Nous sommes à un moment puissant d’accélération de l’IA où l’enjeu est de garder l’humain au centre du dispositif. ». Pour lui, ce livre blanc « fait plus que porter le débat, il est la base d’un guide d’actions inspirantes. »

Des propositions pour faire de l’IA un allié du maintien à domicile

Une table ronde, réunissant des experts du secteur sanitaire et social et de l’intelligence artificielle, a ensuite permis d’échanger sur la thématique soulevée par le livre blanc et ses résultats. Elle accueillait notamment Julien Paynot, directeur général d’Handéo, Alexandre Petit (en distanciel), président du Gérontopôle Nouvelle-Aquitaine et président d’Alogia Groupe, ainsi qu’Hélène Jacquemont, conseillère à la Mairie de Paris chargée des Affaires sociales, des Seniors, de la Prévention, de l’Autonomie et de l’Inclusion numérique.

Stéphane Bridel, directeur général d’ABILITIS, a finalement conclu cet évènement spécial en présentant les propositions du fonds pour mieux appréhender la transition numérique dans le cadre du maintien à domicile. Au nombre de 6, elles ont pour objectif de transformer l’IA en un levier stratégique national, à la fois accessible et éthique, permettant de répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables.